Les Piges

En Wallonie, comme ailleurs, les habitants qui souhaitent devenir propriétaires rencontrent une série de difficultés :

• Augmentation de la pression foncière et du coût de l’immobilier, entraînant l’incapacité pour les précaires, modestes, seniors et jeunes à accéder à l’achat de leur logement ;
• Exode de familles vers des zones plus abordables et éloignées, générant des surcoûts de mobilité pour les personnes et l’environnement ;
• Plus récemment, les nouvelles modalités d’accès à un prêt hypothécaire auprès des banques (couvrant maximum 90 % de la valeur vénale et 75 % maximum du coût des travaux).

De nombreux défis en Région Wallonne

Il existe un besoin énorme de logements de qualité, accessibles pour les groupes à faibles revenus.

De nombreux investissements qualitatifs doivent être réalisés dans l’ensemble du territoire de la Région Wallonne. Il convient cependant de s’assurer que la plus-value générée par ces investissements publics bénéficie à perpétuité à la collectivité, sans entraîner de déplacements de population vers d’autres zones (quartiers et/ou villages) de moindre qualité et cautionner des effets de gentrification.

Dans ce but, il faut trouver et promouvoir des formules qui fassent en sorte que tous les habitants et usagers des lieux de vie, en ce inclus les plus faibles, aient un intérêt à porter activement au développement harmonieux de leur quartier.

Le bâti actuel doit être adapté aux nouvelles exigences environnementales et de nouveaux quartiers doivent être développés et/ou rénovés sur une base durable.

Pour relever ces défis, de nouveaux instruments sont nécessaires. Aux Etats-Unis, en Angleterre, une formule a été développée au cours des dernières années qui constitue une réponse pertinente à ces nouveaux enjeux : le Community Land Trust.

Un Community Land Trust : c’est quoi ?

Un Community Land Trust est une organisation sans but lucratif qui a pour mission d’acquérir et gérer des terrains en vue d’y créer des habitations accessibles pour des ménages ayant des difficultés d’accès à un logement ainsi, éventuellement, que des équipements d’intérêt collectif.

La vente se fera en dissociant la propriété du foncier de celle du bâti. Le CLT restera en permanence propriétaire des terrains. Les acquéreurs d’un logement CLT ont tous les droits liés à la propriété, mais acceptent des conditions d’occupation et de transmission spécifiques, afin de garantir que le logement sera toujours accessible pour le public-cible.

Toute personne résidant sur le territoire d’action du Community Land Trust peut devenir membre. Le conseil d’administration est composé paritairement de représentants des habitants du CLT, des autres membres du CLT et des pouvoirs publics, afin d’assurer l’arbitrage entre les besoins des propriétaires et ceux de la communauté, en étant particulièrement attentif aux intérêts des générations futures.

Un cas pratique :

L’asbl « Quelque chose à faire » a reçu en don un terrain de 25 ares et 20 centiares, rue des Piges à Monceau-sur-Sambre.

L’objectif de l’asbl était de permettre à 4 familles d’auto-construire leur maison sur ce terrain mis à disposition dans le cadre de la création d’un « Community Land Trust » afin de limiter l’effet spéculatif en cas de revente.

En 2010, elle répond à l’appel à projet « Habitat durable 2010 : auto-construire son habitat » pour financer l’accompagnement du projet, l’accompagnement des auto-constructeurs, la création d’une Fondation, les frais d’architecte, l’aménagement du terrain, les impétrants.

Elle obtient l’accord pour ce financement par le Ministre Wallon de l’époque, Monsieur Jean-Marc Nollet.

L’association de promotion du logement « Relogeas » a été choisi pour accompagner socialement, administrativement et financièrement les auto-constructeurs.

Le mécanisme « Community Land Trust » est mis en œuvre. La fondation CLT « Les Piges » est créée le 18 décembre 2012.

Le projet a connu une série de difficultés successives : peur de la nouveauté du projet (CLT et auto-construction), recrutement difficile des auto-constructeurs, météo catastrophique, méconnaissance des nouvelles techniques : paille, ossature bois.

Le temps estimé pour réaliser ce projet n’a pas été suffisant.

Une prolongation du subside de 6 ans a été accordée par le Gouvernement Wallon en obligeant l’asbl à revoir son projet.

L’auto-construction a été abandonnée.

Actuellement, 2 maisons « gros œuvre fermé » et le terrain ont été cédé à la Fondation.

De plus, un permis a été rentré et accepté pour construire 4 appartements de 2 chambres sur le même terrain. Cela permettra d’éviter les coûts trop élevés pour les acquéreurs.

Un espace jardin commun est envisagé.

Ce projet est conçu pour être destiné à la vente à des jeunes couples, des familles mono parentales ou des personnes âgées, tous désireux de partager un projet d’habitat et de vie plus solidaire et durable.